Interviews

ANNE RAVARD, DIRECTRICE ADJOINTE, IN EXTENSO TOURISME CULTURE & HÔTELLERIE

Anne Ravard, Directrice adjointe, In Extenso Tourisme Culture & Hôtellerie

À quoi ressemble votre confinement ?

C’est un confinement sans ennui !
In Extenso TCH accompagne les décideurs de la culture et du tourisme dans leurs stratégies, la définition, la programmation ou la réorganisation de leurs équipements. Nos projets portent généralement sur des démarches de fond et qui s’inscrivent dans le temps long : l’impact de la crise actuelle sur le calendrier n’est donc pas toujours si important.
Nous continuons notamment de travailler sur les projets qui sont en phase pré-opérationnelle, comme par exemple le projet médiéval de Domfront-en-Poiraie ou l’étude de programmation du Palais de la Découverte.
En revanche les phases amont, de conception, créativité et concertation sur les projets sont difficiles en l’absence de réunions physiques. Nous recherchons actuellement avec nos partenaires des alternatives, pour inventer des formes de concertation à distance efficaces.

Quels outils avez vous trouvés pour continuer à travailler efficacement ?

J’ai installé un vrai bureau chez moi !
Pour le reste, comme nous sommes toujours en déplacement, nous étions déjà bien équipés pour travailler en collaboration à distance. Nos clients et partenaires se sont d’ailleurs eux aussi équipés, et nous avons conduit nombre de réunions en visioconférence, ce que nous n’aurions pas imaginé possible il y a quelques mois. Je pense d’ailleurs que nous garderons une partie de ces habitudes… mais serons néanmoins heureux de retrouver la richesse des échanges de visu, tout est question d’équilibre !
La vraie nouveauté, c’est que nous avons mis en place une « machine à café virtuelle » avec des groupes whatsapp dont le but est de partager un peu de convivialité avec les collègues, un défi du vendredi faisant appel à la créativité de l’équipe… de ce point de vue nous sommes satisfaits du résultat, tout en admettant bien volontiers que cela ne remplace pas les contacts réels au quotidien, l’émulation intellectuelle qui fait habituellement le plaisir – et la qualité - du travail.

Dans votre secteur, quelles transformations pourraient être impliquées par la crise?

C’est un vaste sujet sur lequel nombre d’articles ont été publiés… La réflexion est en cours, nous animons d’ailleurs quelques webinars et travaillons sur la publication de notes spécifiques par filière sur le sujet.
Pour ne parler que du secteur culturel, et au-delà de la mise en place immédiate des mesures sanitaires permettant la réouverture des lieux, il me semble que plusieurs grands enjeux émergent ou sont renforcés. D’abord la question de la capitalisation sur les innovations et productions en temps de confinement : quelle sera dans un monde pleinement déconfiné la place de la diffusion numérique, sachant que la réouverture nécessitera une réallocation des ressources aujourd’hui mobilisées sur ces démarches ? Comment maintenir les modes de faire plus souples, transversaux, spontanés qui se sont mis en place en réaction à la crise dans une organisation revenue à la normale ?...
On parle aussi beaucoup de se recentrer sur les publics locaux, de travailler de manière plus frugale, notamment en réaction à l’omniprésence de l’événementiel en culture qui semble se renforcer depuis plusieurs dizaines d’années. Cette réflexion est loin d’être neuve et les établissements culturels cherchent à attirer et fidéliser leurs communautés depuis longtemps. En revanche le moment est peut-être le bon, celui d’une pause dans la programmation « à grand spectacle », des expérimentations et de la priorité accordée à ces sujets.
Il y aura évidemment des questions budgétaires, de solidification des structures pour mieux anticiper d’éventuelles nouvelles crises, sur lesquelles nous réfléchissons en ce moment mais qui dépendront beaucoup des stratégies de soutien qui seront définies par l’Etat et les collectivités…
Il me semble, mais avec le peu de recul que nous avons encore, qu’on ne parle pas de révolution. En revanche, d’une accélération de changements qui étaient en germe en actions et en pensées depuis quelques temps, au moins chez certains acteurs. Et une évolution des comportements des publics qu’il faudra savoir accompagner de manière générale dans l’offre culturelle « physique ».

Comment voyez vous le futur de votre métier?

Une fois le deuxième tour des municipales passé, et que les équipes locales seront en place, nous pourrons sans nul doute accompagner nos clients actuels et futurs comme avant dans leurs projets de développement, mais aussi dans une démarche de fond pour sécuriser les modèles.

Une lecture / un film / une série / un podcast / un compte à suivre / une musique/ qui vous a redonné le sourire ? Ou plusieurs !

Je n’ai pas perdu le sourire ! Et j’ai eu l’occasion de franchement rire avec les romans de Fabrice Caro, dont je connaissais les bandes dessinées, et qui sont tout aussi drôles. On peut aussi dire que « petites chansons pour aller sur le pot », reçu en milieu de confinement, ne m’a pas laissée de marbre…

Une idée pour continuer à vivre la culture depuis son canapé ?

Les organisations culturelles, les artistes ont mis en ligne des contenus extrêmement nombreux et riches, je dirais donc que la question est plutôt de savoir comment choisir ! Nous avons pu aussi expérimenter des ateliers jeunes publics en ligne avec mon enfant qui ont eu un certain succès (je n’étais vraiment pas convaincue de prime abord… il a deux ans et demi – d’où l’ouvrage précédemment cité d’ailleurs)

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