Interviews

Jenna Suru a créé la société Belle Époque Films en 2015, société française de production de longs métrages résolument indépendante, ouverte à l'international et eco-friendly. Son premier long métrage L'âge d'or, filmé dans 35 lieux d'exception en France et aux États-Unis, raconte le destin d'un producteur franco-américain et d'une actrice française qui rêvent de changer le monde et se rendent dans le Saint-Tropez des Sweet Sixties.

À quoi ressemble votre confinement ?

J'ai eu la chance de pouvoir représenter L'âge d'or en Ouverture du London Independent Film Festival, où nous avons remporté le Prix du Meileur Film, en mars avant de rentrer en France pour le confinement. C'est l'occasion pour moi de continuer de nourrir et partager ma passion du film avec le public, notament tous les fans du Saint-Tropez éternel des 60s, auquel le film rend hommage.

Peut-on travailler efficacement en cette période ?

Depuis sa création, la société Belle Époque Films est très agile, je travaille quotidiennement avec des collaborateurs aux quatre coins du monde, notamment à Paris, Londres et Los Angeles. Le tournant du digital a donc été pris très naturellement, j’ai aussi très vite profité des nouvelles opportunités qui se sont ouvertes pour rencontrer virtuellement des professionnels, avec la multiplication des webinaires, événements et panels en ligne, à l’instar du Marché de Cannes qui se tiendra virtuellement en juin.

Quels sont les enjeux auxquels doit faire face votre secteur d'activité ?

L'enjeu des salles de cinéma - quand et sous quelles conditions vont-elles pouvoir rouvrir pour servir au mieux leur public ; l'enjeu des festivals – comment vont-ils s’adapter et quelles opportunités vont être créées en attendant le retour des grandes manifestations ; le report des tournages prévus…

Comment voyez-vous l'avenir de votre secteur après avoir traversé la crise ?

Comme tous les autres secteurs, il va falloir se concentrer sur l'essentiel, la santé et la sécurité de tous, prévoir des équipes de tournage plus restreintes ; le digital va prendre une place grandissante dans le processus de création (passer des auditions à distance par exemple, une pratique aujourd’hui en croissance) ; et enfin je l’espère, les sociétés de production de films vont prendre en compte la priorité écologique dès leur création : éviter les décors construits de toutes pièces et non recyclés, optimiser les transports des équipes de tournage, etc. Nous avons signé la charte EcoProd dès sa création, qui s'assure du respect de l'environnement dans la production audiovisuelle au niveau national.

Une lecture, un film, un podcast, une musique qui vous a redonné le sourire ?

Pour les professionnels du cinéma et les passionnés du 7^ème art, je recommande les webinaires de haute qualité qui sont disponibles sur Screenskills, beaucoup sont gratuits en cette période de confinement. Ils permettent aussi de rencontrer de nombreux professionnels, c’est très enrichissant.

Un conseil pour prendre bien soin de soi ?

Je recommande l'appli Calm qui propose 10 minutes de méditation par jour, notamment pour ceux qui ont du mal à s’endormir. Eva Green a enregistré des lectures à écouter le soir. Prendre soin de soi et des autres est une absolue priorité.

Une idée pour continuer à s'engager depuis son canapé ?

Une collègue britannique actrice Alana Wallace a levé une campagne de fonds au profit de Women's Aid qui lutte contre la violence domestique, en faisant l'ascension du Kilimanjaro... depuis ses escaliers ! Je salue son initiative courageuse ! Plus que jamais, il faut rendre hommage à ceux qui font des sacrifices pour changer le monde à leur échelle – comme le fait si admirablement aujourd’hui notre personnel soignant. C’est l’hommage que j’ai voulu rendre à travers mon film L'âge d'or. Aujourd’hui plus que jamais, nous en avons besoin pour avancer.

Crédit photo : Dom Lenoir, Jenna Suru au Gala d'ouverture du LIFF